par Le Grand Rabbin René GUEDJ

Les SELIHOTS à Constantine cela se vit plus que cela ne se décrit.
Et puis c'était une séquence plutôt familiale que synagogale ; on priait au milieu de la cour centrale qui réunissait plusieurs familles, toutes celles qui habitaient autour du patio, et des maisons voisines.
Les chants, les airs, la mélodie la nostalgie. Les voix de nos Anciens, dans les nuits profondes chaudes et étoilées du mois d’Eloul, où se mêlaient confusément les sons aigues et harmoniques, de nos grands-mères, qui en savaient autant que les plus savants et les plus zélés, ceux là même excellaient aussi, dans la connaissance de toutes nos traditions : Dar Kara, Dar Benguena, Beit Zohar, Migdal Oz, Dar Chraa’, Dar Rebbi Messaoud, Slat Louala, Slat Kdima, Slat Zdida , Slat Dziriin, Le Midrach, Slat Rebbi Chlomo Amar, Slat Sidi Bahi, Slat Djeda.
C’était le soir, après minuit, surtout le samedi soir, l’odeur des beignets l'ambiance amicale, les veillées de prières, alors les jeunes rejoignaient leurs aînés qui avaient déjà commencé la lecture du Tikoun Rahel et du Tikoun Léa, que l'on appelle communément les "Tikoun Hatsot" - élégies et lamentations -, qui étaient récitées les après-midi, vers 13h30, après Minha, dans la période des trois semaines de Hagaye, assis à même le sol, dans une autre ambiance que celle des SELIHOT proprement dit.
En effet les SELIHOT -supplications et repentances -, nous plongeaient dans les solennités de Kippour, et de Yamim Noraim.
« Toi, le dormeur, qu’as-tu à somnoler ! Lève-toi et crie vers ton D…,
« Epanche ton âme, demande pardon, au Seigneur le Maître des Seigneurs
« Lève-toi et purifie toi sans tarder, avant que le temps ne passe
« Va vite, chercher secours auprès de Celui qui Réside dans le Lieu de toutes les Ecoutes
« Crains, et fuie le Péché, le Mal et toutes ses calamités
« Oh mon D… !Pardonne et exhausses tous ceux qui connaissent Ton Nom, Israël, tes Fidèles
« Nous te sommes humblement, reconnaissant et repentant, c’est à Toi, Eternel, qu’appartient la Charité et la Justice, … »
Les Rahamana vont succéder aux Vaya’avor, les supplications aux mea culpa, les Chema Israël aux Adonaï hou haélohim, et enfin les fulgurants Anénou Elaha de Rebbi Meir, Anénou, biskhouteh de BarYohay, Anénou , suivis de tous les Amen, les uns plus forts que les autres, qui se confondent avec le magnifique Atanou , « Nous sommes venus Te demander Pardon .. . Pardonne-nous, dans Ta Grande Miséricorde ! .. CHOMERE ISRAEL...Toi, le Gardien d’Israël... »
Autant de chants et de suppliques où les plus belles voix rivalisaient avec les vocalises du Choffar en se targuant, sinon de réveiller les aurores, mais aussi et surtout d’assouvir un désir de mieux faire, de mieux être, et de sentir grandir en nous la conviction de s’être réconcilier avec la Tradition Ancestrale de nos parents pour la transmettre, dans toute la force de sa splendeur, à nos enfants et tous ceux qui partagent notre foi en l'avenir d'Israël.
En cette veille de l'année 5784, 75e anniversaire de la Proclamation de l'Indépendance de l'Etat d'Israël et de la Résurrection du Peuple Juif sur Sa Terre.
Le Grand Rabbin René G U E D J
Source : Jacques Nakache
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